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jeudi 30
18:30

Atelier de pensée collective - UP

jeudi 30 juin 2016 à 18h30

Atelier de pensée collective - UP

Dernier atelier de pensée collective de cette saison

jeudi 30 juin à 18h 30

Université Populaire
26 rue de la Victoire

Lors de la dernière séance deux interventions ont été proposées. Sans céder pour autant à l'idéologie du consensus, il nous a semblé qu'elles pouvaient se rencontrer. Pour parler de la question du pouvoir on nous a proposé de parler de la Commune de Paris et de Guy Debord.

Deux interventions donc :

1 Martin

Je peux proposer quelque chose sur la Commune de Paris, avec un raccord avec le texte de l'Internationale situationniste (https://infokiosques.net/IMG/pdf/SurLaCommune.pdf).

28 mars 1871, Hôtel de Ville de Paris, la Commune est proclamée.

A la suite d'une insurrection relativement calme finalement, et presque joyeuse, les Parisiens ont chassé le pouvoir en place, et il y a dix jours déjà qu'Adolphe Thiers, président du Conseil de la République française fraîchement nommé, a quitté la ville en panique, ordonné l'évacuation, et s'est réfugié à Versailles.

Pendant qu'il y prépare tranquillement une répression qui sera sans merci, le peuple parisien fête sa libération. Et retourne voter dès le 26 mars. Le 28, donc, ses nouveaux représentants entrent en fonction. Un pouvoir essentiellement composé de néophytes s'installe, symptôme du rapport que les Parisiens entretiennent à la politique.

Nous proposons de revenir sur cet épisode révolutionnaire qui a marqué durablement non seulement des vies de l'époque mais aussi de nombreux imaginaires jusqu'à aujourd'hui. Non tant pour essayer de vérifier s'il s'est bien agi d'un embryon de pouvoir ouvrier ou d'un essai de démocratie radicale ou d'autre chose que pour explorer le caractère joyeux de l'affaire ("La Commune a été la plus grande fête du 19e siècle" d'après les situationnistes, entre autres), ainsi que certaines de ses conditions de possibilités, et essentiellement l'imaginaire qui agissait alors les Parisiens.

Que peut nous dire, aujourd'hui, l'expérience des communards, à propos de ces questions qui occupent l'atelier de pensée collective cette année :
"Qu'est-ce que le pouvoir? Qu'est-ce que la puissance? Comment s'articulent-ils? Et quels rapports entretiennent-ils avec les passions qui nous animent, tristes ou joyeuses? Et qu'est-ce que ces articulations ont pour conséquences, que disent-elles de notre capacité à nous déployer, à nous développer, à nous transformer, et à lutter? Que disent-elles de notre capacité créatrice, et de son état? De la fonction que nous entendons lui assigner?"

Que peut-elle nous dire, aussi sur le rôle de l'imaginaire commun qui nous traverse dans ce que nous sommes capables d'entreprendre ou non?"

2 Nicolas

Voici un petit éventail de ce qui, je pense, pourrait être proposé:

Deux extraits pour d'abord cerner rapidement le point de vue de Debord :

« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. » (Texte 1)

(= 1ère phrase de la société du spectacle, qui fait ici référence à la première phrase lue dans Le Capital de K. Marx)

« Chaque marchandise déterminée lutte pour elle-même, ne peut pas reconnaître les autres, prétend s'imposer partout comme si elle était la seule. Le spectacle est alors le chant épique de cet affrontement, que la chute d'aucune Ilion ne pourrait conclure. Le spectacle ne chante pas les hommes et leurs armes, mais les marchandises et leurs passions. (…) » (Texte 66)

Pour coller à présent avec la présentation que fera Martin de la Commune de Paris (Rappelons par ailleurs que c'est suite aux événements de 1871 que Marx allait écrire sa fameuse tirade hégélienne affrontement prolétariat-bourgeoisie/ dictature du prolétariat/ dissolution des classes et bonheur pour tous… avec les conséquences que nous connaissons) :

« Le défaut dans la théorie de Marx est naturellement le défaut de la lutte révolutionnaire du prolétariat de son époque. La classe ouvrière n'a pas décrété la révolution en permanence dans l'Allemagne de 1848 ; la Commune a été vaincue dans l'isolement.(…) » (Texte 85)

« La tendance à fonder une démonstration de la légalité scientifique du pouvoir prolétarien en faisant état d'expérimentations répétées du passé obscurcit, dès le Manifeste, la pensée historique de Marx, entraîné par des luttes de classes qui finiraient chaque fois « par une transformation révolutionnaire de la société toute entière ou par la destruction commune des classes en luttes ». Mais dans la réalité observable de l'histoire, de même que « le mode de production asiatique », comme Marx le constatait ailleurs, a conservé son immobilité en dépit de tous les affrontements de classes, de même les jacqueries des serfs n'ont jamais vaincu les barons, ni les révoltes d'esclaves de l'Antiquité les hommes libres. Le schéma linéaire perd de vue d'abord ce fait que la bourgeoisie est la seule classe révolutionnaire qui ait jamais vaincu ; en même temps qu'elle est la seule pour qui le développement de l'économie a été cause et conséquence de sa mainmise sur la société. La même simplification a conduit Marx à négliger le rôle économique dans la gestion d'une société de classes. Si la bourgeoisie ascendante a paru affranchir l'économie de l'Etat, c'est seulement dans la mesure où l'Etat ancien se confond avec l'instrument d'une oppression de classe dans une économie statique. (…) Mais l'Etat moderne qui, par le mercantilisme, a commencé à appuyer le développement de la bourgeoisie, et qui finalement est devenu son Etat à l'heure du « laisser faire, laisser passer », va se révéler ultérieurement doté d'une puissance centrale dans la gestion calculée du processus économique. (…) » (Texte 87)

Ainsi, à travers une présentation de la Commune ( ses conséquences et l'imaginaire qui en a découlé) couplée aux théories de Debord, la question se pose, par exemple, d'analyser la pertinence des événements sociaux actuels relayé par les médias (Nuits debouts, grèves nationales, les attentats et les mesures de sécurité, etc.). Où est le concret, l'acte de "pensée pratique", et où commence le discours de l'illusion?...