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mardi 06
18:30

Conférecen Slow Science et études de genre

mardi 6 mai 2014 à 18h30

Conférecen Slow Science et études de genre

Slow Science et études de genre

Mardi 6 mai 18:30-20:30 | Amazone - Rue du Méridien 10 - 1210 Bruxelles

Slow Science et études de genre

Une conférence de la Professeure Isabelle Stengers (ULB)
Mise en perspective par Anneleen Kenis (KUL)

Sophia ouvrira la réflexion sur l'apport de l'intégration d'une perspective de genre dans la slow science. Depuis quelques années, un mouvement de chercheur.e.s remet en effet en cause les transformations de la science et de la recherche dans les universités. Il pose un regard critique sur la contrainte imposée à la recherche de produire des résultats immédiatement, sur la pression à la publication, sur la collusion entre le monde académique et celui des entreprises. Ce plaidoyer pour une science "plus lente" invite à repenser le savoir, les modes de production des connaissances et le rôle de l'université à l'égard de la société et de l'activisme. Or les études féministes et de genre interrogent inlassablement la production des savoirs et le mythe de leur neutralité. Que peuvent-elles apporter à la réflexion sur l'université à l'heure actuelle, et inversement, qu'ont-elles à apprendre de ce mouvement ?

Traduction simultanée prévue.

  • PAF : 4€ - 2€ (membres, étudiant.e.s, demandeurs.euses d'emploi)
  • Inscriptions sur le site de Sophia : http://www.sophia.be
  • Infos : 02 229 38 69
  • Invitation

Résumé Isabelle Stengers

La question des sciences dans le féminisme a une histoire déjà longue et riche. Des "Trois guinées" de Virginia Woolf, puis à la mise en cause du "genre de la science", associée au féminisme de la seconde vague, on en arrive à l'étonnante situation d'aujourd'hui, où il s'agit, en haut lieu, de lutter contre l'image genrée des sciences afin que plus de jeunes filles s'engagent dans la carrière. Mais quelle carrière ? Qu'attend-on des chercheuses et des chercheurs en cette époque d'"économie de la connaissance" ? Je tenterai de montrer le naufrage de l'image genrée qui fut la cible des critiques anciennes. Aujourd'hui, les chercheurs et chercheuses qui gardent le souvenir d'"avant" sont humilié-e-s, menacé-e-s par le cynisme, et ce n'est pas en soi une bonne nouvelle car la hargne des vaincu-e-s fabrique de féroces chiens de garde de l'ordre établi.

La question du genre dans les sciences est devenue une question ouvertement politique, émancipée de tout rapport avec la lutte contre une quelconque essentialisation biologiste de la différence sexuelle. Elle croise désormais la question d'une construction socio-historique qu'il ne s'agit pas d'interpréter mais de transformer. Tel est également l'enjeu du mouvement, encore naissant et balbutiant, que l'on peut associer à l'idée de "slow science". Pour beaucoup de celles et ceux qui s'y associent, il peut s'agir d'un retour au passé où les pratiques de production de savoir étaient respectées. Or du point de vue de la question du genre, le ralentissement des sciences implique tout autre chose car la nostalgie du passé est aussi une nostalgie de ce qui a prétendu à l'exceptionnalité, de ce qui a construit une image de la raison comme genre "non marqué".
Ce n'est pas seulement le respect des exigences propres à la pratique des savoirs scientifiques qui est en question, mais aussi, et peut-être désormais surtout, la capacité des praticiennes et praticiens à entrer en relation avec les questions marquées comme "non scientifiques'' qui sont désormais portées un peu partout par des groupes contestataires. Cette position du problème est en affinité profonde avec ce pour quoi les femmes ont lutté et luttent toujours : pour que nulle position ne puisse définir comme légitime la mise sous silence d'autres, qui sont censées ne pas compter.

Biobibliographie Isabelle Stengers

Isabelle Stengers, philosophe, travaille à l'Université Libre de Bruxelles. Ses premiers travaux, associés aux recherches d'Ilya Prigogine avec qui elle a écrit, en 1979, La Nouvelle Alliance, ont porté sur le rôle joué par la physique, tant du point de vue des visions du monde qu'elle a inspirées que de celui de modèle de scientificité qu'elle a représenté. Cette réflexion s'est élargie à la question des productions de savoirs et au rôle de l'autorité scientifique dans nos sociétés. Ce qui l'a menée à un engagement politique axé sur la nécessité d'une réappropriation des problèmes que posent le présent et l'avenir par ceux/celles que ces problèmes concernent. C'est ce que traduit la dimension politique prise par ses derniers livres :


La sorcellerie capitaliste, avec Philippe Pignarre, Paris, La Découverte, 2005.

Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2009.
Les Faiseuses d'histoires. Que font les femmes à la pensée ? avec Vinciane Despret, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2011
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Une autre science est possible ! Manifeste pour un ralentissement des sciences (suivi de William James. Le poulpe du doctorat, présenté par Thierry Drumm) Paris, les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2013.

Biographie Anneleen Kenis

Anneleen Kenis est membre du groupe de recherche en géographie à la KULeuven. Ses recherches portent sur la (dé)politisation, la citoyenneté écologique, les changements climatiques, la polution de l'air, et l'élaboration de mouvements sociaux. En 2012-2013, elle a co-coordonné le groupe d'action Vrouw en Universiteit. Elle est active dans le mouvement slow slience qui était à l'initiative de l'action GGO à Wetteren en 2011. C'est également une militante et une féministe.