Manifestation - soutien aux 8 inculpés du CAS
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Rendez-vous sur les marches du Palais de Justice pour se soutenir
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jeudi 29 septembre 2011 - 08:30 heures
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Lettre ouverte aux soutiens des huit inculpés des procès du CAS
Palais de Justice - le 29 septembre à 08h30
Vous êtes nombreux à avoir soutenu tout au long des deux procès les huit inculpés du Comité d'Actions et de Soutien aux « sans-papiers » (CAS). Ces présences ont toujours été réconfortantes et ont prouvé chaque fois que la stratégie de l'isolement et de la culpabilisation trouvait là un premier contre-point. Ce 29 septembre 2011 se jouera la dernière partie de cette mauvaise farce qui aura duré, en tout, plus de trente mois. C'est pourquoi il nous paraît aujourd'hui important de revenir sur le déroulement de ce procès et de rappeler le processus par lequel cette lutte est aujourd'hui continuée par d'autres moyens. En avril 2008, débutait sur le campus universitaire de l'ULB, une lutte de personnes « sans-papiers ». Selon une longue tradition, celle-ci s'est rendue visible, entre autres, par l'occupation de plusieurs bâtiments du campus du Solboch (129 av. Buyl et Hall des sports) comme celui de la Plaine (garage de la VUB). Au cœur de la construction d'un rapport de force pour obtenir des autorités belges le droit de vivre et de travailler sur le territoire, un Comité d'Actions et de Soutien (CAS) aux sans-papiers s'est constitué autour de ces occupations pour porter avec elles une lutte politique qui durera plus de deux ans. De nombreuses autre occupations verront le jour dans d'autres endroits partout en Belgique et d'autres CAS seront également constitués. C'est au sein d'un vaste champ de subversions multipolaires, de résistances, d'insubordinations, de désobéissances, de blocages, de luttes passées et à venir qu'il faut comprendre les diverses actions menées par le CAS. Les actions qui ont été menées - et sont encore menées - contre la politique migratoire orchestrée par les différents gouvernements belges et européens prennent place au sein d'une ligne politique qui se constitue autour de trois objectifs stratégiques : régularisation de tous les sans-papiers, arrêt des rafles et expulsions, destruction des centres fermés (camps pour étrangers). Les moments vécus autour du CAS, comme bien d'autres, ont été et seront encore l'occasion de s'atteler à faire exister ces revendications dans les rues de Bruxelles (et d'ailleurs) dans un rythme effréné de manifestations (quasi hebdomadaires) et d'actions de blocage en tout genre. Ce comité fut d'abord l'occasion d'une rencontre avec ceux que l'ON voudrait maintenir dans l'ombre de l'exclusion. Autour des lieux de luttes, beaucoup d'entre nous ont trouvé des espaces autres, propices à la discussion, à la transformation, à la pensée au sein d'un monde qui nous pousse toujours plus au retrait et à l'isolement. Dans l'ordre démocratique-policier de l'époque, la réaction des forces de l'ordre sera à la mesure de la peur du pouvoir d'être contesté dans sa légitimité à gouverner. De semaines en semaines, c'est tout un dispositif répressif et de contrôle qui va prendre en engrenage les militants du CAS : présence policière systématique aux abords du Campus (facilitée par la collaboration du service de sécurité de l'ULB), lignes téléphoniques mises sur écoute, mailing list placée sous surveillance ainsi qu'une juridiciarisation des arrestations en fin de manifestations. Cette stratégie aboutira à enfermer huit d'entre nous dans les méandres d'une procédure judiciaire devenue Kafkaienne (toute procédure ne l'est-elle pas au final ?). La stratégie policière est claire et appliquée dans bien des situations de conflit : atomiser la puissance subversive qui tente de prendre forme en isolant les franges les moins institutionnalisées des mouvements politiques de masse. Par cette pratique qui trouve bien souvent un allié tout dévoué au sein des tribunaux de justice, les forces de l'ordre assurent la légitimité de la répression et des dispositifs de contrôle mis en œuvre pour canaliser les mouvements de contestation. Le procès du CAS sera un micro-instant de cette technique de gouvernement policier. La présence des soutiens tout au long de ces mois de procès a été une constituante essentielle du renforcement d'une position politique minoritaire. Se retrouver avec les « inculpés », c'est s'inscrire dans la continuation de l'action initiée il y a deux ans et poursuivie aujourd'hui par d'autres moyens ; c'est se positionner et se démarquer de l'ordre dominant dans la lutte politique en cours. Porter ensemble, c'est essentiellement conjurer l'opération par laquelle le pouvoir tente de refouler les affects politiques qui ne cessent de nous mouvoir, tant la situation est abjecte. Ce qui demande du courage est de se tenir dans une durée différente de la durée imposée par le temps judiciaire. A l'occasion de la dernière séance des procès du CAS, le 3 mars prochain, nous voudrions rappeler que, comme d'autres avant nous, d'autres ailleurs, nous considérons que tout le monde compte, que tout le monde à son mot à dire, et qu'il convient de rejeter farouchement une société qui aurait besoin, pour fonctionner, d'exclure du champ politique une partie de ceux qui sont là. Depuis cette idée, toute une série d'actes peuvent être produits qui donnent consistance à une telle déclaration et que chacun considérera selon ses forces. Il s'agit de construire une présence et une position commune qui ne pourra en aucun cas s'apparenter à un accord de principe, à un symbole. Cela passe, selon nous, par un retour sur l'évènement lui-même. Mais il nous faut également saisir ce qu'il y a au delà du dossier, saisir l'enjeu commun que représente la poursuite des huit inculpés par delà ce qui se jouera pour eux. Comprendre ce qu'une « victoire » ou une « défaite » (entendons nous sur les termes) peut constituer comme précédent pour notre devenir politique.
feu le CAS