Atelier de pensée collective - La non-innocence - Université Populaire
Atelier de pensée collective - La non-innocence - Université Populaire
Non-innocence
La séance précédente de l'atelier fut finalement consacrée au film d'Amandine Gay « Ouvrir la voix », que nous conseillons vivement.
Du coup la prochaine séance, le jeudi 16 mars à 18h 30, sera dédiée à la question de la responsabilité, voici l'invitation que nous avions rédigée :
Non-innocence
Prochain atelier de pensée collective : jeudi 16mars , à 18 h 30 au 26 rue de la victoire.
Être responsable de ce qu'on n'a pas choisi ?
Il y a la responsabilité associée à la notion d'innocence qui renvoie au couple innocence/culpabilité. On cherche l'existence d'une faute -ou l'absence de faute- qu'il s'agit d'imputer à un individu ou un groupe. "Je n'ai rien à voir avec la colonisation, ce n'est pas ma faute". "Je dois licencier la moitié du personnel mais je n'y peut rien, c'est ça où c'est l'entreprise qui coule". "Excusez-moi madame mais je ne fais que mon travail." "C'est la faute au capitalisme, à la mondialisation". "C'est la faute à l'obscurantisme religieux, au repli communautaire, à l'entre-soi".
Il y a une responsabilité bobo qui est de prendre sa petite quotte-part de responsabilité. Une responsabilité limitée… qui culpabilise un peu : sur l'histoire coloniale, l'écologie, ou les inégalités sociales. Et qui se dégage en fin de compte de toute responsabilité, parce que, tout de même elle culpabilise, et culpabiliser c'est être une victime aussi. Puis culpabiliser c'est pas bien… Bref une sorte de responsabilité sans responsabilité, parce qu'elle n'engage à rien.
Mais tout ceci entraîne différentes manières d'agir, ou d'impuissance à agir.
Le problème est qu'a force de n'y être pour rien dans rien il est difficile d'agir dans le monde.
C'est peut-être une des manières de continuer à penser en termes de non-innocence, penser la responsabilité non plus comme ce qui nous est imposé, mais comme ce dans quoi on est engagés. Avoir la capacité de répondre des questions de notre époque.
Plus d'innocence donc, mais plus de culpabilité non-plus. Quoi alors, comment faire avec ce qui arrive? D'où la responsabilité comme "capacité de répondre". Rapport a-moral à ce qui survient, peut-être, pratique. Élaboration patiente de rapports entre des mondes, des manières. Capacité à être touché, déplacé, transformé. Attention à l'événement. Capacité à la rencontre au risque d'être bouleversé.