L'extrême droite autrichienne nous donne-t-elle un aperçu pertinent sur l'essor des courants nationalistes en Europe ? A chaque pays ses spécificités, bien sûr, mais le cas autrichien s'avère riche d'enseignements, d'abord pour comprendre son succès électoral (premier parti du pays, 46% des voix au deuxième tour des élections présidentielles en décembre dernier) et ensuite la façon dont son programme politique contamine celui des partis de gouvernement. Le cas autrichien laisse entrevoir deux menaces : l'essor de l'extrême droite et l'adoption d'une partie de ses idées par d'autres partis plus traditionnels.

Jérôme Segal, qui vit en Autriche depuis 12 ans, reviendra également sur son dernier ouvrage, Athée & Juif, fécondité d'un paradoxe apparent , un essai où il laisse le soin à chacun de définir sa judaïté. Pour lui, est juif qui se dit juif.

Clairement distinguée du judaïsme, la judaïté - la diversité des manières d'être juif - devient alors passionnante. Pour beaucoup, elle se vit sous la forme d'une solidarité essentielle, contribuant à la mise en place d'un nouvel humanisme dont l'Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie - le Bund - en fut, à la fin du XIXe siècle, un précurseur héroïque. Cet humanisme s'inscrit dans un mouvement séculaire de désaliénation vis-à-vis du religieux, dont Spinoza fut l'un des premiers acteurs, préfigurant en cela le siècle des Lumières

( Extrait de la présentation des Editions Matériologiques)